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Alternatives à la certification

Sur le sujet de la certification, l'Institut annonce clairement la couleur: cet organisme n'aura, en son nom, aucune activité de certification ou même de labelisation.

(Notamment, la qualité de Partenaire de l'Institut ne vaut pas, de la part de l'Institut, quelque reconnaissance que ce soit du caractère "agile" ou des compétences d'une entreprise. Les Partenaires de l'Institut sont des entreprises qui choisissent, pour des raisons économiques, de contribuer aux missions de l'Institut.)

Qu'est-ce qu'une certification? Voici ce qu'en dit la Commission Nationale de la Certification Professionnelle:
Une certification professionnelle atteste d'une "qualification" c'est-à-dire de capacités à réaliser des activités  professionnelles dans le cadre de plusieurs situations de travail et à des degrés de responsabilités définis dans un  "référentiel".
Pourquoi "en son nom"? Parce qu'il existe en France des organismes qui certifient, c'est-à-dire qui délivrent des diplômes professionnels, et qu'il est non seulement légitime mais bel et bien prévu que l'Institut contribue à définir un "référentiel" des capacités et des responsabilités que désigne le terme "développement de logiciels Agile".

Ce que l'Institut se refuse, c'est la démarche qui consiste à s'auto-proclamer organisme de certification, sans dialogue préalable avec qui que ce soit, dans le but de rendre plus attractive une offre commerciale de formation. Hélas, force est de constater que généralement dans notre domaine, cette démarche est le fait d'entreprises qui, par ailleurs, vendent de la formation.

Ces entreprises se trouvent donc juge et partie dans une situation qui peut être sensible. D'une part, si je suis déjà pourvoyeur d'une formation, il est évident que ma définition du référentiel pédagogique collera (on est tenté de dire "comme par hasard") au contenu de mes propres formations. D'où un avantage indéniable à être le premier à dégainer en proposant une certification: je n'ai rien à faire pour adapter ma propre formation aux objectifs de conformité au référentiel, par contre mes concurrents vont devoir s'aligner sur ce que moi j'enseigne.

Or ce référentiel des pratiques et compétences agiles, j'en reparlerai, est un "work in progress". La communauté Agile travaille en permanence à le faire évoluer, à y ajouter des volets entiers, à le simplifier parfois, à le reformuler pour être plus percutant et plus efficace. Dès lors, créer un système qui agit de façon à standardiser les enseignements n'a pas de sens.

De plus, ce référentiel n'existe pas encore, du moins pas encore de façon systématique et détaillée. Nous n'avons pas encore su donner dans un seul endroit une définition canonique, claire et commentée de termes comme Vélocité, Refactoring, Test-Driven, etc.

Pour finir, la plupart des formations actuellement vendues à l'aide du mot magique "certification" sont des formations courtes, qui ne peuvent en aucun cas prétendre à construire des "capacités à réaliser des activités professionnelles dans le cadre de plusieurs situations de travail". Deux jours ne suffisent pas à former un ingénieur ou un leader de projet Agile. (Ni même cinq.)

Entretenir la confusion entre formation et certification participe d'ailleurs du même principe malhonnête qui consiste à faire prendre des vessies pour des lanternes. Une certification est censée attester, notez le mot, qui est fort, d'une qualification. Elle n'est pas censée la construire: c'est justement le rôle de la formation. On peut très bien dissocier la formation, qui consiste à travailler avec des gens pour leur enseigner quelque chose, de la certification, qui consiste en fait à mettre en jeu sa réputation sur une déclaration solennelle que telle personne est qualifée pour un travail.

Si vous examinez ce qui est actuellement proposé par diverses entreprises sous la rubrique "certification Agile", vous entendrez le discours opposé: "Ah, mais attention, nous ne nous engageons absolument pas sur le fait que la personne qui a suivi nos cours est qualifiée, uniquement sur le fait qu'elle a enregistré ce qu'on lui a dit".

Vous l'avez compris, parler de certification aujourdh'ui, c'est dans le meilleur des cas mettre la charrue avant les boeufs.

Dans ces conditions, la démarche alternative me semble claire: commencer d'abord par mettre au point ce référentiel pédagogique, en invitant largement la communauté à y participer. En soi, cette démarche a de l'intérêt, parce qu'elle permettra aux personnes visées par les offres de "certification" de trouver tous les bénéfices prétendument apportés par ces offres: aux employeurs de savoir quelles questions poser aux recrues potentielles; aux ingénieurs qui souhaitent se former de savoir ce que doivent couvrir les formations qu'ils envisagent; aux formateurs de composer des parcours utiles, sans avoir à suivre un cursus imposé, mais en se sentant responsables de leur contenu.

C'est une partie du projet de l'Institut.

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